• Quand on évoque le patrimoine architectural de notre région on pense d’abord aux châteaux, aux églises, aux ruines romaines… Mais il en existe un autre mal connu et moins spectaculaire (et encore..) mais tout aussi passionnant à découvrir : celui des constructions en pierres sèches et des habitats troglodytes.

  Nous avons pu admirer tout au long de ce jeudi 19 novembre une incroyable diversité de constructions en pierre érigées il y a fort longtemps.

  Cette randonnée qui débute au parking de l’Abbaye de Sénanque monte pour rejoindre la route de Gordes que nous suivons sur quelques mètres pour ensuite descendre par une sente sillonnant sous les arbres jusqu’au village de Gordes. C’est après la visite de ce magnifique village que nous reprenons notre marche pour arriver  dans le lit de la Sénancole, un petit ruisseau, le plus souvent à sec, qui prend sa source près de l’abbaye. Nous suivons un chemin ombragé. Puis, nous grimpons le long d’une falaise de l’autre côté du vallon. Et là nous allons pouvoir admirer une petite merveille : le moulin de la Baume, datant du XVIIème siècle, aménagé entièrement dans la roche une dizaine de mètres sous terre. Nous arrivons dans une première salle où se suivent d’étranges petits boxes : c’est là que l’on stockait les olives (classées selon les variétés, selon le terroir ?). Plus loin, une vaste salle où l’on peut voir les restes de différents pressoirs et cuves. Une tremie de plusieurs mètres de haut est taillée dans la roche : on y jetait les olives depuis le plateau.

  Il s’agit là du plus vieux et plus admirable complexe du genre en Provence. On a aujourd’hui du mal à l’imaginer dans cet endroit assez isolé, mais il recevait alors des olives de toute la région. On était là dans un lieu de commerce et de troc situé à la limite du Comtat Venaissin et de la Provence. Nous allons d’ailleurs en avoir la preuve en remontant sur le plateau au lieu-dit la « Croix de Baud ». Nous y trouvons des signes tangibles de cette ancienne frontière sous forme de croix taillées dans la roche. Là arrive une belle calade, un chemin pavé avec des pierres posées sur champ. Plus loin, des habitats troglodytes, utilisés encore sûrement dans une époque pas si éloignée puisqu’on découvre que ces lieux ont été restaurés avec des enduits, des encadrements de fenêtres, des cloisons et des « mezzanines ». Il s’agissait sans doute des « duplex » de l’époque ! Au-dessus de la falaise on remarque des rigoles creusées dans la roche, sûrement destinées à récupérer l’eau de pluie pour des citernes situées plus bas. Et là, une aire de battage, signe d’une grande activité agricole.

  Autres preuves de l’ancienne vie pastorale, de beaux murs en pierres, bien conservés, qui délimitaient des parcelles de terrain et servaient sans doute d’enclos pour le bétail.

  Nous suivons des sentiers minéraux et moussus d’un beau vert tendre. Ils nous mènent à des bories de différentes formes et tailles. Le plus beau se situe peut-être près des « Boujolles » : différentes pièces sont reliées entre elles et arrivent à une grande salle dotée d’une belle cheminée. Le lieu est visiblement entretenu et occupé à l’occasion (par des chasseurs?). Nous y trouvons, comme en différents autres lieux de petits serpents tressés en laines multicolores. De quoi s’agit-il ? Mystère ? Sur ce plateau, se trouvent également de très belles maisons plus récentes en pierre. L’habitat est assez dispersé et les propriétés magnifiques mais visiblement destinées aux vacances.

  De bories en hameau abandonné, de puits en pierre, de calades en chemins encadrés par de véritables murailles, nous quittons le plateau pour regagner doucement le vallon de la Sénancole. Il est plat et ombragé. La tête encore pleine de ce voyage dans le temps nous remontons le vallon pour atteindre le parking de l’Abbaye . Que ne donnerait-on pas pour revenir par magie il y a quelques siècles en arrière et admirer ce lieu tel qu’il était à l’époque !

   

   

• Cette randonnée ne comporte aucune vraie difficulté technique. Attention:  La visite des habitats troglodytes est dangereuse: risque de glissade par temps humide et de chute de pierres. 
• Balisage: Rouge et blanc (GR91) et Jaune (PR), parfois non balisé. Ne pas oublier la carte ou le GPS.
• ATTENTION: Le moulin est propriété privée. Il est nécessaire de respecter le lieu.

Evaluation de l‘effort

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