Le ciel était gris ce matin-là !
On a dépassé le Paradou pour emprunter la piste qui mène au centre équestre. Vent frais pour le départ. La longue allée, toute plane, à perte de vue nous sert de piste d’échauffement. On atteint ainsi le château d’Escanin…ensemble de bâtisses en rénovation ; de belles proportions, et surtout de magnifiques et géants platanes. C’était l’Ancien chemin de Maussane…Paradou, Maussane…des noms qui font rêver…C’est la Provence des Alpilles, celle qui roule ses blocs de calcaire presque gris, piquetés de végétation drue et foncée, celle aussi qui s’allonge – celles de Provence justement ! Après la traversée du canal, on se dirige vers Les Baux, de Provence, bien sûr…Ils vont se mériter…petite grimpette obligée…à peine de quoi être essoufflés. On franchit une trouée dans la muraille rocheuse pour faire face aux Alpilles… Après le deuxième effort, on arrive face au village. Il est là, sur son éperon rocheux ! Puisque randonner c’est aussi découvrir…même a posteriori…découvrons un peu – juste un peu – Les Baux…Vingt deux habitants dans l’enceinte du village, un million et demi de visiteurs par an. Une vraie folie ! Le saviez-vous ? Le nom des Baux vient d’un terme occitan signifiant « en aplomb » ou « falaise »…c’est ma foi assez cohérent ! Plus remarquable saviez-vous que la bauxite tient son nom du village des Baux, puisque c’est là que le minerai a été découvert pour la première fois – en 1822 – et exploitée jusqu’à épuisement, fin XXème…Un peu d’histoire…ça fait jamais de mal ! Traces d’habitats dès 6000 avant JC – c’était il y a bien bien longtemps ! Les Celtes en font un oppidum au IIème siècle avant JC, c’est à cette époque que se développe le quartier des Tremaïé…on va y revenir !!! La forteresse dont on garde quelques ruines, est érigée entre le 11ème et le 13ème…Voyez comme on franchit gaillardement les siècles en faisant du digest historique ! Les Baux de Provence sont rattachés à la couronne de France sous l’Ancien Régime, et c’est en 1642 que la ville est offerte à la famille Grimaldi…Encore aujourd’hui, le fils du Prince de Monaco est marquis des Baux entre autre titre ! Ah ! Les délicieuses survivances de l’Ancien Régime ! Outre la beauté du lieu, est-ce également ce désuet prestige qui attire autant de visiteurs ? Allez savoir !! Reprenons notre marche…On va s’en approcher de ce piton rocheux, en passant dessous…au ras de la falaise. Et c’est ainsi que nous aborderons, sous le Rocher du Château – c’est son nom – la chapelle des Trémaïe….Qu’est-ce donc ?  il s’agit d’un bas-relief rupestre sculpté à l’époque gallo-romaine ( époque qui se déroule entre le 1er siècle avant JC et le 5ème après JC) – la datation du bas-relief reste floue, mais la certitude de la période est attestée. Les trois personnages sculptés sont un homme et deux femmes, mais l’inscription est devenue peu lisible, ce qui prive d’une explication précise…C’est au 17ème siècle que le lieu est appelé Les Trémaïé, mot provençal signifiant « Trois Marie » – trois saintes : Marie de Béthanie, Marie Salomé mère des apôtres Jean et Jacques et Marie Jacobé – reliant ainsi ce bas-relief au culte des Saintes Maries, dans la tradition provençale. C’est au XIX que l’on érige la chapelle pour maintenir le rocher qui porte le bas-relief..Et c’est à partir de 183o que l’endroit devient lieu de pèlerinage. Nous avons là un nouvel exemple d’un processus bien connu : un lieu ou un monument pré-chrétien annexé par le christianisme. C’est là qu’on se restaure…dans la splendeur des Alpilles…On longe les Baux, on en sort par la fameuse Carrière de Lumière. Le vent est froid ! On prend le Val d’Enfer…sous-bois…effort de la montée…on garde la vue sur le village…comme dans une carte postale…on finit par une vue véritablement en plongée sur le village..C’est BEAU ! Du promontoire où se trouvait une table d’orientation, on admire…Les Baux sur notre gauche, le fronton de la Carrière de Lumière juste sous notre regard, à droite des falaises qui émergent, grises dans la verdure, et à l’horizon la plaine qui n’en finit pas… On tourne autour des Baux…Les rochers érodés surprennent ! Etranges formes sculptées au fil du temps par l’eau et le vent…On longe les anciennes carrières de Sarragan, au-haut de la falaise, atteignant ainsi la brève mais intense via ferrata où chacune et chacun met en œuvre son talent ! Equilibre, efficacité et sens des responsabilités !Notre boucle s’achève par une piste bordée de riches demeures… » pour vivre heureux, vivons cachés » !! L’une exhibe un arbre – quelle variété ? – taillé en cylindre aplati sur un tronc préservé…Empathie avec l’arbre…On a presque mal pour lui !! La végétation est là luxuriante ! Territoire béni des dieux !
On traverse des veines d’ocre ! On presse le pas pour éviter la colère des cieux !
Le ciel vire au noir !Une grande journée de marche, des découvertes, des bavardages… On a vu se tortiller une scolopendre tropicale;

Belle randonnée sans grande difficulté.. Désescalade d’un petit pas rocheux équipé.  Orientation: Itinéraire bien balisé dans l’ensemble . Ne pas oublier l’appareil photo

Evaluation de l‘effort

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