• Dès 8h30 on traverse le Tarn ; l’eau est claire et belle ; l’air est frais. On s’arrête sur l’esplanade qui domine la ville…un dernier regard sur Sainte-Enimie à partir du belvédère des blagueurs – étrange appellation…Le mot « blague » et son dérivé « blagueur » est très récent en français, il apparait au début du 18ème siècle ! Quelle plaisanterie a été perpétrée du haut de cette plate-forme ?

  On oublie vite cette imprécision, et on attaque vraiment la montée…Attaquer est bien le mot ! D’ailleurs je m’interroge…n’est-ce pas la pente qui nous attaque ! Rude, très rude ! Croyez-moi. Concentration sur la respiration…pas courts ; arrêts réguliers, hydratation. Il faut bien aussi s’arrêter pour admirer le paysage ! Sainte-Enimie toujours et encore, et le Tarn…et on s’élève ! Le sentier muletier est bien dessiné ! La montée dure une bonne heure. On fait une pause sur un promontoire qui domine presque les gorges. Que de beauté ! Récompense de l’effort en quelque sorte, 370 mètres de dénivelé franchis…

  Le sentier se fait plus doux, plus souple… A l’Est, les gorges dessinent un paysage escarpé, des rochers, des pins… »Que la montagne est belle… Notre historien du dimanche constate que ces sentiers faits pour le commerce et les déplacements nécessaires, dans le passé, sont aujourd’hui utilisés pour les loisirs…Les temps changent ! On aura terminé la montée en arrivant à la piste. 4,3km et 520 mètres de D. Pas si mal !

  On accède aux pâturages du Causse Méjean ; on arrive au hameau des Prunets, une grosse ferme et une maison rénovée. Au-haut du hameau, les paysages derrière nous se révèlent magnifiques…des plateaux dans le lointain…vastes horizons. On descend sur Chamblon, 2 ou 3 fermes orientées plein sud, une croix surmontée d’une colombe-girouette…étonnant, incongru ! On est plongés dans un tableau impressionniste : étendue de fleurs jaunes de pissenlits, mêlées au boutons d’or, dans la lumière de l’après-midi. Au loin, chantier de débardage…on l’a dit, la Lozère vit d’exploitation forestière !

  A la sortie de la forêt, dans le vallonnement, on débouche sur des petites fermes, puis une exploitation importante. On entre dans une zone d’élevage…les animaux nous saluent : sept petits cochons tout roses, bruyants et frétillants… Photos ! et encore photos ! y a pas les odeurs en photographie ! dommage ! C’est l’arrêt ravitaillement en eau ! La source est bien cachée !!

  Au Buffre on admire une croix médiévale, en pierre gravée. Cette croix est belle. Elle orne le chemin de Saint-Guilhem, celui qui menait les pèlerins à Rome puis Jérusalem. La vogue des pèlerinages s’installe au Moyen-Age, les croyants vont se recueillir sur les lieux censés abrités des reliques !

  16h30, on se refait une bonne petite montée, bien raide aussi celle-là ! On se retourne, le paysage est parfait, paisible, pas un accroc pour l’œil ! On se met en quête du site protohistorique annoncé. Protohistoire…qu’est-ce donc que cette bête là !! Facile, la protohistoire désigne la période qui précède l’apparition de l’Ecriture – On dit qu’avec l’écriture l’humanité entre dans l’Histoire. Nous sommes donc environ 1000 ans avant la naissance de JC (- année zéro, on le sait !). Et on découvre la La Rode de Drigas. Le site est daté du 8ème siècle av JC. Cette période correspond à l’Age de Fer…La démographie humaine se développe, et la tendance est à la sédentarisation. C’est ainsi que les groupes humains s’installent sur des promontoires naturellement défendus sur deux côtés, et ils bâtissent des murailles pour fermer le cercle protecteur. La Rode de Drigas est la plus belle enceinte protohistorique du Causse Méjean à 1107m d’altitude.

  De là on voit, d’ouest en est, l’Aubrac, le Mont Lozère et l’Aigoual. Le site est parfaitement choisi, une draille et une source sont à proximité. Les remparts enserrent un espace d’un hectare environ. Le mur d’enceinte pouvait atteindre 4 mètres de hauteur. Des fouilles ont permis de découvrir des structures d’habitats ; au centre l’espace était dédié aux troupeaux. Le site a été occupé au moins jusqu’au 3ème siècle après JC.

  On descend sur Drigas…et on cherche notre gîte, la Cabane d’Adrech. Excellente journée, très variée. Une montée de rêve gérée de main de maître ! Très bonne gestion du groupe quand il y a de la difficulté, avec une bonne appréciation à la fois de la fatigue et de l’endurance…

  Grande soirée juvénile et potache à la Cabane, le lieu est propice à la convivialité, la gaité, les rires et la gourmandise.

Très belle étape.

Difficulté physique: Etape assez difficile avec de fortes montées

Orientation: Bien balisé GR60 et PR

Evaluation de l‘effort

 Cotation “Effort” FFRandonnée selon indice IBP : 0-25 : Facile ; 26-50 : Assez facile ; 51-75 : Peu difficile ; 76-100 : Assez difficile ; >100 : Difficile

Le milieu que vous allez traverser durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets chez vous et ramassez aussi ceux que vous trouverez.

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